Solitude hivernale 11 février 2007
_ Que cette solitude est délicieuse, s'écria-t-il ; est-il possible, divine fée, que vous en connoissiez assez peu les charmes, pour ne la consacrer qu'au sommeil !
_ Je suis charmée qu'elle vous paroisse belle, reprit elle en souriant, mon intention n'étoit pas, cependant, que vous m'y trouvassiez.
_
J'imagine bien, repliqua-t-il, que ce n'est point ici que vous recevez vos
visites ; et je vous avoue que je ne sçaurois comment vous rendre graces de
vos bontés, si je pouvois me flatter que vous y eussiez daigné
m'attendre.
_ Il me seroit bien doux, répondit-elle, que vous fussiez dans le cas de me devoir de la reconnoissance ; mais je vous dirai ingenuement que je n'en mérite pas de votre part. Je ne vous attendois que ce soir ; l'ennui m'a prise dans mon palais ; j'en suis sortie.
Claude-Prosper Jolyot de Crébillon
( 1707-1777 ).