Home Notre village Via Domitia Le Canigou  Autour de l'étang Passion tomate Les plantes de la Saint Jean Traditions et culture catalanes Nous écrire copyright

Mise à jour le  :   20-02-2016

 

Visualisez le phénomène "glory " décrit dans le texte ci-dessous

Visualisez le phénomène "broken spectre" décrit dans le texte ci-dessous

Lire un témoignage vécu le 23 juin 2007 du phénomène décrit ci-dessous

 

1863 Note sur un phénomène d'optique observé au sommet du Canigou.

Par Monsieur A. Ratheau, capitaine, chef du Génie, à Amélie les Bains.

 

    La plupart des touristes qui tentent l'ascension du Canigou, cherchent à se trouver au sommet au moment du lever du soleil, afin de jouir d'abord de ce spectacle imposant, et puis aussi parce que souvent, à cette heure matinale, l'atmosphère n'est pas encore obscurcie par les vapeurs que développe la chaleur solaire : on distingue donc mieux dans le lointain.

    Sans doute le lever du soleil est un magnifique coup-d'oeil ; mais est-ce la seule chose à voir quand on s'élève ainsi au-dessus des régions habitées ? Sont-ce bien le ciel et sa transparence, ses couleurs vertes et roses, l'éclat des premiers rayons solaires, émergeant du sein de la Méditerranée, qui attirent l'homme sur ces cimes perdues ? Ce spectacle et la vue du contraste qui existe entre le sommets déjà dorés par une lumière éblouissante et l'ombre dans laquelle sont plongées les vallées, sont faits sans contredit pour être admirés ; mais ils sont tellement brillants, qu'au bout de peu d'instants l'oeil fatigué cherche à se soustraire à leur clarté. Alors se portant vers le côté opposé, il aperçoit la campagne magnifiquement éclairée ; les moindres détails se dessinent avec une admirable précision, et bientôt le touriste, emporté par l'intérêt que lui présente cette terre qu'il habite, ravi de la netteté du coup-d'oeil et d'une lumière qu'il supporte cependant sans fatigue, oublie toutes les splendeurs du ciel.

    C'est qu'en effet, pour bien voir un paysage, il faut avoir derrière soi ; sinon sa lumière éclatante aveugle et plonge les objets dans un brouillard lumineux au milieu duquel ils vous échappent.

    Or, lorsque l'on est au sommet du Canigou, la vue est bornée au nord, à l'ouest et au sud-ouest, par une série de montagnes ; rien ne l'arrête au contraire vers le département de l'Hérault, vers une partie de celui de l'Aude, vers la plaine du Roussillon et celle de l'Ampourdan, c'est à dire dans les directions du nord-est, de l'est et du sud-est, contrées qui seront mieux éclairées pour l'observateur le soir que le matin.

    C'est en suivant cet ordre d'idées, que je m'arrangeai pour atteindre le but tant désiré, entre trois et quatre heures de l'après-midi. Le temps d'abord très-clair commença à s'obscurcir pendant notre séjour au pic ; les nuages se formaient peu à peu, et rampant au-dessous de nous, le long des flancs de la montagne, ils menaçaient de nous entourer complètement. Un d'eux surtout se rapprochait davantage ; il s'élevait dans cette ravine profonde qui, partant de la pointe Est du pic, est l'origine du torrent descendant à Taurinya et à Saint-Michel-de-Cuxa ; la neige, qui, remplit toujours le fond de cette crevasse, lui communiquait sa blancheur.

    Nous suivions avec intérêt sa marche menaçante lorsqu'un phénomène inattendu se présenta à nos regards : nos corps, situés entre le soleil et le nuage projetaient sur celui-ci des ombres d'autant plus tranchées, que l'écran sur lequel elles étaient reçues, offrait une surface plus blanche et plus éclatante. Nos silhouettes nous semblaient donc ressortir en noir sur un fond lumineux ; mais ce qu'il y avait de curieux, de magique on peut le dire, c'est qu'au-delà de cette zône lumineuse de très-peu d'étendue, se déroulait un magnifique arc-en-ciel, entourant l'image ou ombre du spectateur comme une véritable auréole. Son arc mesurait environ 270° et n'était arrêté à droite et à gauche que par l'ombre portée de la montagne, sur laquelle l'image venait aussi reposer. Nous étions cinq personnes réunies au pic, et toutes cinq nous pûmes jouir, pendant plus d'un quart d'heure, d'un spectacle que nos deux guides n'avaient jamais aperçu, dont ils n'avaient même jamais entendu parler. Il n'est pas inutile d'ajouter que si chacun apercevait distinctement sur le nuage les ombres de ses voisins, la sienne seule était, pour lui, nimbée des couleurs du spectre.

    Il est impossible de décrire l'espèce de ravissement dans lequel nous plongea ce spectacle vraiment féerique, qui finit par absorber notre attention aux dépens même du panorama que nous étions venus chercher si haut. Son explication n'offre, du reste, aucune difficulté, et elle est absolument semblable à celle de l'arc-en-ciel ordinaire : l'oeil, sommet d'un cône dont la base était l'arc-en-ciel dessiné à la surface du nuage, percevait les différents rayons de la lumière décomposée par les vésicules globuleuses, lesquelles, suivant leur position, émettaient, à partir de l'intérieur, des rayons successivement rouges, orangés, jaunes, verts, bleus, indigo et violets. La seule différence avec le phénomène habituel, provenait de ce que l'observateur étant très-rapproché du nuage formant écran, son ombre s'y projetait d'une manière distincte, et, en même temps, le rayon de l'arc-en-ciel qui l'entourait, devenait très-petit.

    D'après ce que nous venons de dire, il faut, pour jouir de ce spectacle, que le soleil brille, qu'il y ait des nuages en dessous du pic, et enfin que l'observateur soit juste entre le soleil et ces nuages, La réunion de ce concours de circonstances sera évidemment très rare ; mais nous la souhaitons à tous les touristes, qui rapporteront de leur ascension un souvenir qui ne s'effacera jamais.

Visualisez le phénomène "glory " décrit dans le texte ci-dessus

Visualisez le phénomène "broken spectre" décrit dans le texte ci-dessus

Lire un témoignage vécu le 23 juin 2007 du phénomène décrit ci-dessus