Variété précédente Variété suivante

Retour aux tomates L

Retour à la page "Passion tomate"

Mise à jour le  :  06-02-2014

Tomate à Tige Raide

1862 Extrait :

La tomate ordinaire et toutes ses variétés donnent dans l'ouest, comme dans le centre de la France, des résultats très satisfaisant. On cultive cette plante en grand dans certaines parties de la Charente Inférieure, des Deux Sèvres et de la Vendée.

Il y a deux ans, MM Mervault, maire de Saint Giles (Vendée) passa un marché fort important avec un fabricant de conserves alimentaires de Nantes ; il planta des Tomates en plein champ et put fournir une quantité considérable de fruits, malgré les pluies d'été qui avaient singulièrement contrarié ses cultures. Dès la mi-juillet, nos marchés sont couverts de tomates ; les restaurateurs, les maîtres d'hôtel font de nombreux achats, et les jardiniers écoulent facilement cet excellent produit ; aussi ne manquent-ils pas chaque année de semer et de planter la précieuse Solanée. Mais, il faut bien le dire, on néglige quelques-uns des soins indiqués par M. Carbou ; ainsi, on sème en avril sur une couche, et si l'on n'a pas de châssis, on se contente de recouvrir le semis d'une ou plusieurs cloches. Les pots sont de luxe pour nos modestes cultivateurs ; les plus soigneux sèment quelquefois en terrine, le plus grand nombre confient leurs graines au terreau même de la couche ; puis, vers le 15 mai, lorsque le plant est assez fort, on repique à demeure dans une terre bien ameublie et bien fumée, voilà tout. Quant au pinçage et au palissage, il serait fort utile de suivre les indications si claires de l'honorable M. Carbou ; malheureusement on n'en fait rien ; Les tomates s'emportent, les branches retombent sur le sol, et bon nombre de fruits pourrissent avant leur complète maturité. Ce grave inconvénient, depuis longtemps reconnu et signalé, pourra désormais être évité par la propagation et la culture d'une nouvelle variété, la tomate à tiges roides de M. de Fleurieu, mentionnée dans l'Almanach du bon jardinier de 1862. Cette belle et bonne plante a paru l'an dernier à l'exposition de Toulouse ; je l'ai moi-même cultivée, et je puis dès lors en constater ici les excellentes qualités. Elle n'exige pas plus de soins que la Tomate ordinaire : je crois même qu'elle est plus rustique et qu'elle supporte mieux les froids tardifs du printemps. Sa tige grosse et ferme s'élève à 0^m,45 ou 0^m,50. Ses branches courtes supportent bien le fruit, qui n'est jamais couvert par son feuillage crépu et très courtement pétiolé. L'aspect général est celui d'un petit arbuste qui se soutient sans tuteur, et qui porte en tête une multitude de bons fruits rouges de forme régulière, dont la chair succulente est beaucoup moins chargée de graines que dans la Tomate ordinaire. On s'est demandé si le produit était le même ; il est inférieur sans contredit, sur chaque pied pris isolement; mais comme on peut, dans le même espace, planter le double de pieds, on arrive au même résultat.

    La Tomate à tige roide peut encore offrir aux amateurs un avantage qui n'est pas sans importance, elle se perpetue facilement par la bouture ; c'est là certainement un très bon moyen pour avoir au printemps des pieds déjà forts lorsque les graines sont encore dans le cornet ; on prévient en outre de cette façon les dégénérescences si fréquentes et si faciles dans cette grande famille des Solanées.

    Voici du reste, sur la manière de faire ce bouturage, les renseignements que je puis dès aujourd'hui offrir : Au mois d'avril 1861, je semai, comme je l'ai déjà dit, quelques graines de Tomate à tige roide; elles levèrent bien, et dès que les plants furent de force à supporter la pleine terre, je les repiquai dans une plate-bande de 0^m,40 environ les uns des autres. Ils poussèrent à merveille; mais comme je désirais présenter à l'exposition d'horticulture de Fontenay-le-Comte cette intéressante nouveauté, je plantai six ou huit pieds dans des pots de petite dimension d'abord, puis je rempotai plus tard dans de grands pots et j'arrosai copieusement pendant tout l'été; il arriva qu'à la fin de septembre j'avais dans chaque pot un charmant arbuste de 0^m50 de haut, chargé de fleurs, de fruits verts et de fruits mûrs. J'exposai quatre de ces arbustes, le jury daigna les remarquer. Après la fête, le temps se fit mauvais, j'eus l'idée de rentrer mes Tomates sur la banquette d'une bonne serre tempérée et de les placer tout près du jour. Elles parurent si plaire; elles poussèrent, et les fruits encore verts devinrent d'un beau rouge. Le froid survint, les Tomates ne poussèrent plus, mais elles firent bonne mine ; je les surveillais, je les visitais souvent pour ôter les feuilles jaunes, quelques fois même pour couper une petite branche qu'attaquait un commencement de pourriture. Dès la mi-janvier, la végétation se réveilla, de jeunes rameaux se développèrent, et je pus, vers le 1^er Février, prendre des boutures que je fis séparément dans de petits godets..  suite et fin prochainement